Pourquoi le Pilates améliore la posture sans la “corriger” de force
Pendant longtemps, on m’a dit que je ne me tenais pas droite.
Pas comme une critique franche, plutôt comme un conseil répété, presque automatique.
Alors j’ai essayé de faire ce qu’on me disait de faire : me redresser.
Tirer les épaules en arrière.
“Ouvrir” la poitrine.
Pire encore, on me demandait de maintenir cette position.
Avec le temps, j’ai compris pourquoi cela ne fonctionnait pas.
Les épaules ne sont pas faites pour être tirées en arrière.
Structurellement, elles reposent à l’avant de la cage thoracique.
Les forcer vers l’arrière crée de la tension, pas du soutien.
Je pouvais tenir quelques minutes, parfois quelques heures, mais jamais durablement.
Parce qu’on ne peut pas maintenir une posture que le corps ne sait pas organiser de l’intérieur.
C’est précisément là que le Pilates change la donne.
Se tenir n’est pas une question de volonté
La plupart des personnes qui viennent pratiquer le Pilates ont pour objectif de mieux se tenir, de soulager leur dos, de retrouver une sensation de stabilité.
Ce qu’elles ont souvent déjà essayé, c’est de “se redresser”.
Mais tant que la posture repose sur un effort volontaire, elle ne tient pas.
Lorsqu’elle repose sur une organisation interne — respiration, tonus, continuité — elle devient naturelle et durable.
Le corps ne se tient pas parce qu’on le lui demande.
Il se tient quand il en a les moyens.
Du dedans vers le dehors
Dans la méthode Pilates, le travail commence toujours à l’intérieur.
Par la respiration.
Par la manière dont le corps gère la pression interne.
Par la relation entre le diaphragme, le plancher pelvien et les muscles profonds.
Lorsque ce système fonctionne, le tronc devient un véritable point d’appui.
Le corps n’a plus besoin de se tenir par la force.
Il est soutenu.
La posture cesse alors d’être un objectif à atteindre.
Elle devient une conséquence.
Un corps continu, pas un empilement de segments
La posture n’est jamais un problème local.
Elle est toujours globale.
Le Pilates considère le corps comme un système continu, relié par les fascias.
Ces tissus assurent la transmission entre le bas et le haut du corps, entre la stabilité et le mouvement.
Quand on redonne de la continuité à ce système — notamment à travers la ligne profonde qui relie jambes, bassin, tronc et respiration — certaines compensations deviennent inutiles.
Le corps trouve une autre organisation.
Sans contrainte.
Respecter l’histoire du corps
Chaque posture est le résultat d’une histoire.
Sportive, professionnelle, parfois simplement liée au quotidien.
Chercher à corriger une posture sans tenir compte de cette histoire revient à demander au corps d’abandonner ses stratégies sans lui offrir d’alternative.
En Pilates, je ne cherche pas à effacer ce que le corps a mis en place.
Je cherche à lui donner plus de possibilités.
Quand le corps a plus de choix, il n’a plus besoin de se figer dans une seule organisation.
Une posture vivante
Une posture juste n’est jamais figée.
Elle est mobile, respirante, adaptable.
Le Pilates, tel que je l’enseigne, n’apprend pas à “se tenir droit”.
Il apprend à habiter son corps, à sentir ce qui soutient réellement.
Et lorsque le mouvement devient plus conscient, plus fluide, plus organisé, la posture change d’elle-même.
En conclusion
Le Pilates n’améliore pas la posture en la corrigeant de force.
Il l’améliore en redonnant au corps les moyens de se soutenir.
Depuis l’intérieur vers l’extérieur.
Dans le respect de la structure et de l’histoire de chacun.
Sans modèle imposé.
C’est cette approche, profonde et durable, qui fait toute la différence.
